A change is coming...

 Coming closer sweet release ...


J'ai cru pouvoir briser la profondeur de l'immensité
Par mon chagrin tout nu sans contact sans écho
Je me suis étendu dans ma prison aux portes vierges
Comme un mort raisonnable qui a su mourir




Un mort non couronné sinon de son néant
Je me suis étendu sur les vagues absurdes
Du poison absorbé par amour de la cendre
La solitude m'a semblé plus vive que le sang



Je voulais désunir la vie
Je voulais partager la mort avec la mort
Rendre mon coeur au vide et le vide à la vie
Tout effacer qu'il n'y est ait rien ni vire ni buée

Ni rien devant 
Ni rien derrière rien entier
J'avais éliminé le glaçon des mains jointes
J'avais éliminé l'hivernale ossature
Du voeu de vivre qui s'annule



Tu es venue le feu s'est  alors ranimé
L'ombre a cédé le froid d'en bas s'est étoilé 

Et la terre s'est recouverte
De ta chair claire  et je me suis senti léger
Tu es venue la solitude était vaincue
J'avais un guide sur la terre je savais
Me diriger je me savais démesuré

J'avançais je gagnais de l'espace et du temps





J'allais vers toi j'allais sans fin vers la lumière 
La vie avait un corps l'espoir tendait sa voile
Le sommeil ruisselait de rêves et la nuit

Promettait à l'aurore des regards confiants
Les rayons de tes bras entrouvraient le brouillard

Ta bouche était mouillée des premières rosées
Le repos ébloui remplaçait la fatigue

Et j'adorais l'amour comme à mes premiers jours


Les champs sont labourés les usines rayonnent 
Et le blé fait son nid dans une houle énorme
La moisson la vendange ont des témoins sans nombre

Rien n'est simple ni singulier

La mer est dans les yeux du ciel ou de la nuit
La forêt donne aux arbres la sécurité
Et les murs des maisons ont une peau commune
Et les routes toujours se croisent



Les hommes sont faits pour s'entendre
Pour se comprendre pour s'aimer 
Ont des enfants qui deviendront pères des hommes 

Ont des enfants sans feu ni lieu
Qui réinventeront les hommes 
Et la nature et leur patrie 
Celle de tous les hommes 
Celle de tous les temps

Paul Eluard  "La mort, l'amour, la vie "