J'aimais
les mots comme des confiseries raffinées enveloppées dans du papier
glacé aux couleurs chatoyantes ou du papier cristal translucide qui
bruit sous les doigts quand on les déplie.
Je les laissais fondre dans ma bouche, y répandre leur saveur.
Mes préférés étaient les mots qu'il fallait croquer ainsi que des nougatines ou des noix grillées et caramélisées, et ceux qui dégageaient un arrière-goût amer ou acidulé.
Certains mots me ravissaient, pour la troublante douceur de leur suffixe qui introduisait de l'inachevé et un sourd élan du désir dans leurs sens : flavescence efflorescence, opalescence, rubescente, arborescence, luminescence, déhiscence ...
Ils désignaient un processus en train de s'accomplir très intimement, secrètement ...
et j'avais forgé un mot sur ce modèle : amourescence
Sylvie Germain " chanson des mal-aimants "
Mes préférés étaient les mots qu'il fallait croquer ainsi que des nougatines ou des noix grillées et caramélisées, et ceux qui dégageaient un arrière-goût amer ou acidulé.
Certains mots me ravissaient, pour la troublante douceur de leur suffixe qui introduisait de l'inachevé et un sourd élan du désir dans leurs sens : flavescence efflorescence, opalescence, rubescente, arborescence, luminescence, déhiscence ...
Ils désignaient un processus en train de s'accomplir très intimement, secrètement ...
et j'avais forgé un mot sur ce modèle : amourescence
Sylvie Germain " chanson des mal-aimants "