Tu es ...

 

 

Tu veux savoir qui tu es pour moi, eh bien voilà : tu es celle qui m'empêche de me suffire. J’ai une grande puissance de solitude, je peux rester seul des jours, des semaines, des mois, somnolent, tranquille. C'est cette somnolence que tu es venu interrompre. On peut donner bien des choses à ceux que l'on aime. Des paroles, un repos, du plaisir. Tu m'as donné le plus précieux de tout : le manque. Il m'était impossible de me passer de toi, même quand je te voyais tu me manquais encore. 


Ma maison mentale, ma maison de cœur était fermée à double tour. Tu as cassé les vitres et depuis l'air s'y engouffre, le glacé, le brûlant, et toutes sortes de clartés. Tu étais celle-là, tu l'es encore aujourd'hui, celle par qui le manque, la faille, la déchirure entrent en moi pour ma plus grande joie. Un tel trésor est inépuisable. Il devrait me suffire pour aller de maintenant en maintenant jusqu’à l'heure de ma mort…









Christian Bobin extrait de  " La plus que vive " 











Nous avons rendez-vous...

 

 
Je crois qu’il y a des êtres destinés l’un à l’autre...
Un appel des corps, un appel des cœurs...
Un secret chuchoté au creux de la nuit...
Une promesse de vie...
Je crois qu’il y a des êtres que tout réunit...
Au delà des apparences et des idées reçues...
Au delà de tout ce qui existe et qui n’existe pas...
Je crois qu’il y a des êtres faits pour s’entendre...
Sans un mot, même...
 
 
S’entendre et se comprendre...
Langage d’âmes...
Je crois qu’il y a des êtres faits pour se trouver...
Se retrouver...
Et ne plus se quitter...
Des êtres faits pour découvrir l’amour ensemble...
Se le rappeler, ensemble...
Des âmes qui se souviennent comme elles s’aiment...
Je crois qu’il y a des âmes destinées l’une à l’autre...
Je crois que nous avons rendez-vous...
Samuel Benchetrit
 
 
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Frida Kahlo...

 

    
′′ Tu as tellement raison, je ne suis pas calme ; je suis le feu, je vis, je suis la couleur, je suis l'essence, je suis le plaisir, je suis la rébellion, je suis l'instinct, je suis la peau, je suis la révolution, je peux l'être tout sauf le calme."  
 Frida Kahlo
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 
 


un jour -

 



 

 

"Un jour, je me pardonnerai.
Du mal que je me suis fait.
Du mal que je me suis fait faire.
Et me serrai si fort, ne me quitterai plus."
— Emily Dickinson

 
 
 
 
 





Pour que vive la vie ...

   



Ces corps n'ont pas eu lieu...
Ni ces cœurs ni ces nuits


Sans les fleuves de l'émoi

Rien rien ne s'assemble

Il nous faut le partage

Il nous faut l'incendie

Pour que s'amorce la source

Pour que vive la vie.

Andrée Chedid " vivre "



Je noie en tes deux yeux mon âme...



Je noie en tes deux yeux mon âme tout entière
Et l'élan fou de cette âme éperdue
Pour que, plongée en leur douceur et leur prière
Plus claire et mieux trempée, elle me soit rendue.

S'unir pour épurer son être
Comme deux vitraux d'or en une même abside
Croisent leurs feux différemment lucides
Et se pénètrent !


Je suis parfois si lourd, si las
D'être celui qui ne sait pas
Etre parfait, comme il le veut !
Mon coeur se bat contre ses voeux
Mon coeur dont les plantes mauvaises
Entre des rocs d'entêtements
Dressent, sournoisement
Leurs fleurs d'encre ou de braise
Mon coeur si faux, si vrai, selon les jours
Mon coeur contradictoire
Mon coeur exagéré toujours
De joie immense ou de crainte attentatoire.

Émile Verhaeren  " je noie en tes deux yeux mon âme "




Où sommes-nous ...

Où sommes-nous?

Dans la tempérance d'une rivière
Dans la démesure des torrents

Dans le compas de l'œil
Dans les brumes de la chair

Dans l'attelage des monstres
Dans les mains sans épine

Dans les nasses du doute
Dans la force des granges

Dans l'angoisse qui mobilise
Dans la peur qui engloutit 

Dans le foisonnement du corps vivier qui fonde l'esprit
 
 
 
 
Dans le songe insulaire

Dans le rêve faiseur d'hommes

Dans la dissolution des mots
Dans le tissu de la parole
 
Dans les randonnées du sang
Dans la réunion du cœur?
 
Où sommes-nous?
 
Où aucun ciel ne peut prétendre!
 
 
Andrée Chedid " mouvante place des hommes "

 

 Cliquez ►Oeuvres de Guy Denning

 

Rêver destination ... Réel

 

 

Que je me tournasse de ce côté ou de l'autre, la solitude était la même. Le monde extérieur avait repris son apparence de pur décor.

 J'avais épuisé toutes les façons de me voir aller et venir dans une impasse.

et selon toute vraisemblance j'apercevrai alors qu'en effet, d'un être immédiat, comme appris par cœur, je n'avais pas su faire pleinement pour moi un être réel. 
 
André Breton " les vases communicants  ( extraits ) "


 

La musique et la mer ...

 


  

La musique souvent me prends comme une mer!
Vers ma pâle étoile,
Sous un plafond de brume ou sous un vaste éther,
Je mets à la voile;

La poitrine en avant et les poumons gonflés
Comme de la toile,
J'escalade le dos des flots amoncelés
Que la nuit me voile;
 
Je sens vibrer en moi toutes les passions
D'un vaisseau qui souffre;
Le bon vent, la tempête et ses convulsions

Sur l'immense gouffre
Me bercent. D'autres fois calme plat, grand miroir 
De mon désespoir!
 
Baudelaire " la musique "
 
 


Coming Back To Life ...

 


 
Tous ceux qui parlent des merveilles 
Leurs fables cachent des sanglots
Et les couleurs de leur oreille
Toujours à des plaintes pareilles
Donnent leurs larmes pour de l'eau

Le peintre assis devant sa toile
A-t-il jamais peint ce qu'il voit
Ce qu'il voit son histoire voile
Et ses ténèbres sont étoiles
Comme chanter change la voix

Ses secrets partout qu'il expose
Ce sont des oiseaux déguisés
Son regard embellit les choses
Et les gens prennent pour des roses
La douleur dont il est brisé
 
  
 
 
 
Ma vie au loin mon étrangère
Ce que je fus je l'ai quitté
Et les teintes d'aimer changèrent
Comme roussit dans les fougères

Le songe d'une nuit d'été
 
Automne automne long automne
Comme le cri du vitrier
De rue en rue et je chantonne
Un air dont lentement s'étonne
Celui qui ne sait plus prier.
 
Louis Aragon " les oiseaux déguisés "




Ma vie est à partir de toi ...






Mon Dieu jusqu'au dernier moment
Avec ce cœur débile et blême
Quand on est l'ombre de soi-même
Comment se pourrait-il comment 
Comment se pourrait-il qu'on aime 
Ou comment nommer ce tourment 
 
 
 
 
 
 
 

Suffit-il donc que tu paraisses 
De l'air que te fait rattachant 
Tes cheveux ce geste touchant 
Que je renaisse et reconnaisse 
Un monde habité par le chant 
Elsa mon amour ma jeunesse 

O forte et douce comme un vin 

Pareille au soleil des fenêtres 
Tu me rends la caresse d'être 
Tu me rends la soif et la faim 
De vivre encore et de connaître 
Notre histoire jusqu'à la fin 



[…]



Ma vie en vérité commence 
Le jour que je t'ai rencontrée 
Toi dont les bras ont su barrer 
Sa route atroce à ma démence 
Et qui m'as montré la contrée 
Que la bonté seule ensemence 


Tu vins au cœur du désarroi 
Pour chasser les mauvaises fièvres 
Et j'ai flambé comme un genièvre 
A la Noël entre tes doigts 
Je suis né vraiment de ta lèvre 
Ma vie est à partir de toi 



Aragon "le roman inachevé (1956) "