ne la décrochez pas
MissTic
Quand la lune apparaît dans la brume des plaines
Quand l'ombre émue a l'air de retrouver la voix
Lorsque le soir emplit de frissons et d'haleines
Les pâles ténèbres des bois
Quand le boeuf rentre avec sa clochette sonore
Pareil au vieux poète, accablé, triste et beau
Dont la pensée au fond de l'ombre tinte encore
Devant la porte du tombeau
Nous marcherons dans l'herbe à pas silencieux
Et nous regarderons les voûtes étoilées
C'est dans les champs qu'on voit les cieux
Nous nous promènerons dans les campagnes vertes
Nous pencherons, pleurant ce qui s'évanouit
Nos âmes ici-bas par le malheur ouvertes
Sur les fleurs qui s'ouvrent la nuit !
Nous parlerons tout bas des choses infinies
Tout est grand, tout est doux, quoique tout soit obscur
Nous ouvrirons nos coeurs aux sombres harmonies
Qui tombent du profond azur
C'est l'heure où l'astre brille, où rayonnent les femmes
Ta beauté vague et pâle éblouira mes yeux
Rêveurs, nous mêlons le trouble de nos âmes
A la sérénité des cieux
La calme et sombre nuit ne fait qu'une prière
De toutes les rumeurs de la nuit et du jour
Nous, de tous les tourments de cette vie amère
Nous ne ferons que de l'amour
Victor Hugo " Quand la lune apparaît dans la brume des plaines "